Les prestations plus importantes que les coûts
Selon le dernier moniteur de la santé, la question des coûts ne serait plus centrale pour les assurés.

Année après année, la hausse des primes d’assurance-maladie suscite stupeur et indignation. Ce n’est pas fini. L’augmentation qui interviendra en 2019 pourrait se chiffrer à 4%, a indiqué, hier, Comparis. Le PDC en a immédiatement profité pour défendre son initiative en faveur de l’introduction d’un frein aux coûts de la santé.
Ce réflexe pavlovien est pourtant remis en cause par les résultats du dernier moniteur de santé auquel se livre chaque année l’institut de recherche gfs.bern pour le compte d’Interpharma. Publiée hier, l’enquête révèle que les coûts ne sont plus le problème numéro un des assurés. Ceux-ci s’inquiètent davantage du maintien des prestations.
Politologues surpris
Présidente de la Fédération suisse des patients, la conseillère nationale Rebecca Ruiz (PS/VD) s’étonne. «Cela ne correspond pas à ce que j’entends dans la rue», réagit-elle. «Par contre, il est compréhensible que les gens préfèrent en rester à ce qui existe aujourd’hui quand ils sont confrontés à des propositions extrêmes, comme des franchises à 10000 francs».
Le moniteur de santé est un sondage qui porte sur les différents aspects de la politique de la santé. Surprise: les personnes interrogées rejettent massivement toutes les mesures d’économie qui, l’an dernier encore, suscitaient un large écho. Près de 76% d’entre elles (54% en 2017) souhaitent que les caisses-maladie prennent en charge davantage de prestations et offrent une couverture aussi complète que possible. Pas question de refuser un traitement onéreux pour une maladie rare ou de limiter le libre choix du médecin. Pas question non plus de tester de nouveaux modèles de primes et de franchises.
Les assurés considèrent également avec scepticisme des projets comme les budgets globaux et le financement uniforme des frais stationnaires et ambulatoires. Ils sont particulièrement critiques par rapport aux budgets globaux. Environ 91% des sondés craignent qu’ils allongent les temps d’attente et limitent le libre choix du médecin, et 74% redoutent que les patients ne reçoivent pas tous les médicaments nécessaires.
Ces résultats surprennent jusqu’aux politologues qui ont mené l’enquête. «Nous n’avons pas changé nos méthodes. C’est une réaction émotionnelle au débat politique en cours», estime Urs Bieri, codirecteur de gfs.bern. «La politique de la santé et les assurances sociales sont de plus en plus politisées. La votation sur la prévoyance vieillesse a mis en évidence la volonté de préserver les acquis sociaux».
Besoin de réformes
Alors que les assurés ne se font pas d’illusion sur la possibilité de réduire les coûts, le PDC ne se montre pas si défaitiste. «Ce sondage part d’un présupposé selon lequel les coûts sont une fatalité, ce qui est faux», affirme le porte-parole du parti Michael Girod. En vertu de l’initiative qui sera lancée cet automne par le PDC, la Confédération et les cantons seraient tenus de prendre des mesures si l’augmentation des coûts par assuré était supérieure d’un cinquième à celle des salaires. Le PS envisage pour sa part une initiative pour limiter les primes à 10% du revenu, tandis que le PLR et l’UDC plaident pour une adaptation des franchises.
Membre de la direction de gfs.bern, Lukas Golder se montre critique face à ces différents projets. «Les politiques ne peuvent pas se contenter d’essayer de satisfaire leurs propres électeurs», affirme-t-il. «Nous avons besoin dans le système de la santé d’une réforme comparable à celle des trois piliers dans la politique de la drogue, à savoir une réforme dans laquelle chacun trouve son compte».
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